Jerusalem

Je suis partie en Terre Sainte, inconsciente de l'expérience que j'allais vivre, mes pensées ont traversé l'Atlantique et l'Europe et je me suis retrouvée sous un soleil de plomb, à l'ombre des palmiers au bord de la méditérannée, quelque part dans le Mashrek. Quelque part ou romains, byzantins et ottomans ont régné et semé la terreur....autrefois. Mon agenda était plein mais j'y ai glissé un bref temps mort pour aller me receuillir dans les villes saintes et raconter à ma mère ce dont elle n'imaginait que dans la Bible.

C'était Dimanche, nous nous réveillons tôt et traversons les plaines transformées en montagne jusqu'à Jérusalem. Nous croisons en chemin des pelerins, italiens, français, orthodoxes, juifs et .....les voitures des Nations Unies. Nous passons devant l'immense Novotel, la rue Salah'Din, le prestigieux Hotel American Colony, le Jérusalem Hotel (fief des expats) et finalement nous arrivons devant le Garden Tomb, fermé malheureusement. Mais avant d'en arriver là, nous sommes rentrés dans la Cathédrale anglicane St-George , là ou certains expats louent des chambres d'hotel prestigieuses et hors du commun. Des grandes chambres, au mur de pierres ou les visiteurs sont transportés vers un retour dans le passé......dans ce monde ou malgré tout va se tracer notre avenir, le futur. C'est ainsi que j'appele ce mois: Retour vers le Futur!

Jérusalem est fortifié de ses murailles et accessible par ses portes, nous sommes rentrés par la plus large d'entre elles: La porte de Damas. Des vieillards faisaient la conversation devant la porte, des cris, des mouvements brusques mais teintés d'une banalité incroyable. Je sentai l'appel d'une médina derrière la porte, et pour susciter l'économie entre ces grandes murailles, un Money Exchanger a été incrusté dans le mur à l'entrée. Nous avons changé nos Dollars US en Shekel. Des sandales, des épices, des feuilles de vignes, des vetements brodés, des narguilés, des légumes, du pain et pour sortir un peu de cet exotisme enivrant, plusieurs boutiques de cadeaux avec des vendeurs acharnés qui balbutient quelques mots anglais avec des prix douteux en Dollars US. Moi qui n'aime pas trop être dérangée lors de mon shopping, j'ai dû répeter à plusieurs reprises mon maigre arabe: Halas! (Ok, Stop) ou Choukrane (Merci).

Nous sommes arrivés devant la Via Dolorosa, début du pélérinage pour le chemin de Croix. Ce n'est pas Pâques, mais j'imaginai comme il doit être bruyant à ce moment là. Nous marchons tranquillement et arrivons devant le premier arrêt des pélérins. À vrai dire, nous n'avons pas de guide, nous sommes partis à l'aventure, sans rien prévoir, juste découvrir par nous-mêmes. Le premier arrêt des pélerins fut donc : Le Monastère de la Flagellation ou le Christ a été flagellé avant sa crucifixion. Et en face est la Chapelle de la Condamnation. C'est ici que Jésus a reçu sa sentence par Ponce Pilate. La chapelle a été batie là ou il a reçu sa sentence.

Avant de sortir de la Chapelle de la Condamnation, j'ai allumé une cierge en mémoire de mon père.

Nous reprenons le Chemin de Croix sans savoir exactement ou on allait. La température est largement au-delà de 30 degres et je n'ai pas amené de chapeau. Je sentai mes long cheveux noirs s'évaporer. C'était le temps de s'hydrater. On sélectionne et on décide de rentrer dans l'Église Sainte-Anne. Dans la cour, un jardin, des chats et des centaines de touristes qui écoutaient attentivement leur guide. Je suis rentrée dans l'église, magnifiquement bien décorée, un rapide coup d'oeil et je suis sortie préssée de voir le légendaire Piscine de Bethesda.
En effet, c'est ici que se trouve des ruines de bains et de temples romains reconnus pour guérir milles maux. À 15 mètres de profondeur, l'excavation archéologique nous présentait la fondation du temple qui date de quelques milliers d'année. C'est ici que Jésus a guéri le paralytique. Les pélerins autours de moi regardaient en silence, les yeux brillants et ils n'étaient pas préssés de quitter les lieux, c'est tellement magique. Il fallait descendre dans une grotte artificielle pour voir un puit d'eau jadis utilisé, il y a à peu près 2000 ans. Je me suis assise à l'ombre des crucifères. J'ai vu au moins deux personnes s'évanouir. La chaleur ou l'émotion?

Nous repartons de nouveau, traversons un souk bruyant et sérré pour aller voir de près le Dôme du Rocher, innaccessible aux non-musulmans mais c'est là ou je pouvais au moins prendre une photo rapide tout en me faisant demander de quitter les lieux. Je n'étais ni musulmane, ni voilée et mon habit était indécent: Polo et pantacourt. Le Mosquée Al-Aqsa était proche mais je n'ai pas eu l'occasion de le voir. Le Dôme du Rocher est un des premiers réussites de l'architecture musulmane. Selon la croyance musulmane, c'est de là que le prophète Mahomet est monté au ciel sur son cheval. Le Dome a été construit au premier siècle ap. J-C. sur ordre du calife Abd al-Malik . Mais le Dôme est le centre des trois religions qui font Jérusalem. Le Dôme est connu protéger un rocher sacré ou Abraham a été demandé de sacrifier son fils Isaac et là ou le prophète Mahomet a quitté pour son voyage nocturne.

Voici une belle vue du Mont des Oliviers:

Après le Dôme du Rocher, nous arrivons à l'entrée du mur des lamentations. Tout un système de sécurité mais nous finissons par voir ce que d'habitude on ne voit qu'à la télé. La place est divisée en deux, une grande partie pour les hommes et une petite pour les femmes. Nous nous sommes approchés du mur ou plusieurs personnes s'amassaient, papiers en main pour présenter leurs lamentations (souhaits) et les insérer entre les pierres du mur déjà remplis de milliers de petits papiers. Pourquoi les lamentations? Selon l'explication que j'ai reçu, c'est que ce mur est ce qui reste de du mur occidental du Temple d'Hérode, et ce 2000 ans passés. C'est devenu le lieu de pélérinage des juifs durant le règne Ottoman ou ils lamentaient la destruction du Temple par les Romains.

Par la suite, nous rentrons dans l'église St-Marc (Franciscain), proche de Jaffa Gate. Belle église, dont nous étions les seuls visiteurs. Le prêtre, souriant, nous ouvrit la porte fermée à clé. Il parlait d'un français parfait, fièr de ses origines françaises et contents de nous voir arrivés avec nos accents québécois. Il nous a fait le tour de l'Église, devant le magnifique autel, une grosse Bible qui date de quelques centaines d'années mais alors d'une beauté époustouflante. À ma grande surprise, il nous amène au sous-sol, et nous voilà devant le site ou, selon la croyance, le lieu du Dernier Repas.

Nous arrivons à la dernière étape de notre parcours. Mais c'est la plus importante. Si vous parcourez la carte de la vieille ville au début de cette chronique, vous remarquerez que nous sommes revenus au point d'entrée : La porte de Damas. J'en ai tellement entendu parler que mon coeur batait fort devant l'Église du Saint-Sepulcre. Cet endroit est presque entièrement géré par les orthodoxes. À l'entrée, une foule de touristes se précipitaient, quelques moines, des religieuses s'affaraient,plusieurs à genoux, embrassant un marbre rose orné de lampes. C'est là que Jésus a été lavé après sa mort. À genou à mon tour, devant une femme qui mettait une rose rouge sur le marbre, j'ai mis ma main sur la plaque et j'y suis restée quelques minutes.

En haut des escaliers c'est le Golgotha, enfin, ce qui en reste 2000 ans passés selon la croyance chrétienne. Un trou a été soigneusement décoré ou les gens bénissent leurs différents biens. It is believed to be the place where Jesus was crucified. 15 mètres en dessous de mes pieds fut donc la place ou le Christ a été crucifié. Le reste de l'endroit, sombre et décoré, je dirais un peu trop grotesque, trop de choses en même temps sans lumière que quelques lampes. J'imagine que c'est différent lors d'une fête orthodoxe, les lampes sont toutes allumées. Il faut le voir, et c'est la place ou touristes affluent en masse pour des photos. Mes photos n'étaient pas les meilleures, il fallait lever le bras assez haut, trop de monde et prendre à l'aveuglette, vraiment trop sombre.

Mon parcours dans le Saint-Sépulcre touche à sa fin. Nous décidons de rentrer dans ce qui a été la Tombe de Jésus-Christ. Sans vouloir vous mettre le doute dans vos croyances, c'est ici que je me suis rendue compte à quel point, ce lieu saint est devenu très touristique, ou les religions chrétiennes sont toujours en conflits et en désaccord et ceux même sur des valeurs qu'elles partagent. L'endroit est gardé par un orthodoxe très autoritaire. Il nous somme de rentrer vite par 3 personnes et sortir dans moins d'une minute car les autres attendent. Sans d'autres explications, il ne voulait même pas nous répondre car pour lui, it is about timing. J'ai volé une photo, sans flash, et je suis sortie. Un monsieur pleurait dehors, il venait d'être carrément expulsée par le garde....il prenait trop de temps à pleurer sur la tombe de Jésus. Mais cet endroit est reconnu être la Tombe du Christ...seulement pour les orthodoxes. Les catholiques et les archéologues croient que c'est plutôt au Garden Tomb....fermé cette journée là. Le Garden Tomb ne se trouve pas au Saint-Sépulcre mais à quelques mètres de la Porte de Damas.

C'est sur cette note que s'achève donc ma visite de la vieille ville de Jérusalem. J'y suis rentrée avec un espoir d'y voir une certaine réalité, mais j'ai appris de mon séjour qu'il faut avoir la foi. Ce n'est pas la petite chose, le détail qui importe dans cet endroit pour moi mais l'ensemble, ce qui s'y renferme qui fait un tout, une leçon de l'humanité. Trois religions se cotoient dans ces murailles, certains sites chrétiens se trouvent dans les sites musulmans, et vice versa chez les juifs. Un endroit rassemble les trois : le Dôme du rocher comme quoi nous venons d'une même racine mais nous avons fait l'histoire en se créant nous-mêmes nos différences, nos guerres. En fin de compte, on est tous les mêmes et sur un même pied d'égalité. Longer ces ruelles de pierre de Jérusalem c'est traverser quelques milles ans d'histoire peu importe l'endroit précis, tu es là en Terre Sainte et c'est tout. Maintenant j'ai la foi, encore plus, nous sommes tous les mêmes. Dommage pour autant de guerres.

Comments

[ikalamako]

Mon frère (qui est dans l'ordre) aimait bien taquiner avec cette phrase durant son séjour dans la "Ville Eternelle" qui - à part le fait d'être une cité éternelle - est un point de repaire pour le catholicisme : "vous savez, pourquoi la ville devient sainte ? Car tous ceux qui y sont passés y ont laissé leur Foi". Pour dire à quel point le tourisme avec ses bizna (business NdA), ses commerces, a pris de l'avantage sur la Foi en soi.

[Franck]

Très intéressant! :o)
Jolis clichés.

[lalaiko]

C'est bien comme blog. Continue à nous émerveiller de ces beaux voyages. Nous aussi, on adore bouger. A bientôt,

[Lilia]

Ton récit laisse songeur... je ne suis pas certaine de vouloir y aller: peur de la déception, destination devenue touristique... Puis je pense que la foi transcende les lieux, mais il est évident qu'y aller doit aider énormément à la compréhension de pleins de choses dans la bible et les autres écrits sacrés (géographie, habitudes de vie, culture...)
En tout cas merci de partager ainsi que toutes les photos!
Et... dernière chose, c'est toi avec le pink pants ?!
;-))

[elodieriana]

jogany> tranquillement mais surement....d'autres à venir
many> bon voyage dans mon blog :-)
harinjaka> et voilà, le post est devenu super long!
tattum>eh oui, le meilleur...tu comprends pourquoi je suis si silencieuse, absente...super occupée
marc> hihihi Sifa! j'en ai dit des Halas!! mais là-bas ils ne disent pas Hamdoulila comme au Maghreb
gasy> azondry tsara mihintsy maninona aho tsy miantso intsony! comme dit Tattum le meilleur reste à venir. des récits en direct? peut-être mais à ma manière comme d'habitude.